LE MONDE ECONOMIE |
20.01.2016 à 17h12 • Mis à jour le 21.01.2016 à 14h18 | Par Frédéric
Cazenave
http://www.lemonde.fr/economie/article/2016/01/20/la-france-a-l-epreuve-du-grand-age_4850612_3234.html#rpoGoHFirIJupVgB.99
550 mots
(...) La France
compte déjà davantage de personnes de plus de 60 ans que de moins de 20 ans. Et
cette tendance va s’accélérer du fait de l’augmentation de l’espérance de vie :
le nombre des plus de 85 ans (1,4 million actuellement) va quasiment quadrupler
d’ici à 2050. Heureusement, la grande
majorité vieillit et vieillira dans de bonnes conditions. Mais ce n’est pas le
cas de tous. Aujourd’hui, 1,2 million de personnes âgées souffrent de perte
d’autonomie. Ce chiffre doit doubler d’ici à 2060. Pour elles, la loi ne va pas
changer grand-chose, même si elle présente déjà le mérite d’exister.
(...) « Le vieillissement, la perte d’autonomie, la mort
restent mal acceptées dans nos sociétés occidentales. Cela va à l’encontre de
notre quête sans fin pour la technologie, les progrès de la médecine, explique le sociologue Serge Guérin. Les politiques font donc carrière sur les jeunes, c’est beaucoup plus
vendeur : on investit pour la jeunesse, alors que les sommes consacrées à
la vieillesse sont considérées comme des dépenses en pure perte. Et pourtant,
ne pas traiter
ce sujet est particulièrement angoissant dans une société qui, justement,
vieillit. »
Faudrait-il
alors transformer
ce qui est perçu comme un fardeau en une opportunité ? Michèle Delaunay, la
prédécesseure de Mme Rossignol, a tenté de le faire en s’improvisant
VRP de la « silver économie ». Objectif : mettre
l’accent sur le potentiel économique du vieillissement, source de croissance et
de créations d’emplois, ce qui n’est pas du luxe par les temps qui courent.
Autre point positif de ce défi démographique, il doit être l’occasion de repenser l’urbanisme, les logements, les transports pour les rendre accessibles. Le chantier est colossal : l’Agence nationale de l’habitat (ANAH) estime à 2 millions le nombre de logements occupés par des ménages de plus de 60 ans devant être adaptés pour faire face au handicap.
Sans les aidants, pas de maintien
à domicile
En fait, la
question du vieillissement doit interroger
l’ensemble de la société. L’importance du rôle joué par les aidants, par
exemple, mérite mieux que la simple reconnaissance prévue dans la loi. De
nombreux pays européens investissent sur cette solidarité familiale en adoptant
des politiques particulièrement généreuses à leur égard.
En France, on en est loin, ce qui peut paraître contradictoire, puisque sans eux le maintien à domicile des personnes en perte d’autonomie devient impossible. A ce titre, les entreprises doivent elles aussi s’impliquer, au vu du nombre croissant de salariés accompagnant un proche dépendant. « La moitié des aidants étant en activité, les entreprises, les partenaires sociaux doivent s’emparer de cette question. Ce sujet doit être davantage porté par les syndicats », souligne Laurence Rossignol.
Accepter cette transition démographique devrait enfin être de nature à renforcer le lien entre les générations, à l’image du développement de ces résidences où vivent, ensemble, anciens et plus jeunes. « Cette solidarité intergénérationnelle est le ciment de notre société. Il faut sortir du jeunisme ambiant et s’organiser pour que chacun, jeune et moins jeune, trouve sa place, souligne Jean-Manuel Kupiec. En creux, c’est ce lien que cherche à préserver la loi sur l’adaptation de la société au vieillissement, même si, derrière ces bonnes intentions, les moyens ne suivent pas. »
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